Les différentes versions du texte des Eléments d'Euclide constituent des témoins privilégiés pour une histoire des mathématiques sur une très longue durée. La numérisation et la mise en ligne progressives aussi bien des manuscrits que des éditions imprimées offrent depuis peu un accès sans précédent à ces textes, et une base de données (Thamous), associée à un programme de visualisation des graphes (sigma.js), permettent d'envisager la construction progressive d'une vue d'ensemble de toutes les versions recensées avec les relations établies entre elles.
L'identification des sources d'une version des Eléments pose néanmoins divers problèmes en raison notamment du nombre de sources à considérer, de leur diversité linguistique, ainsi que de l'étendue et de la richesse du texte (nombre et nature des différents livres, unités textuelles variées, etc.). Des identifications données pour certaines s'avèrent de ce fait douteuses, voire fausses. Afin de traiter des milliers d'aspects pris en compte pour chacune des dizaines de versions considérées, un programme a été développé pour aider à la fois à découvrir une source possible d'une version, justifier qu'elle en est bien une et déterminer son étendue. Inversement, l'identification des sources pour ce corpus permet d'appréhender au-delà de certaines idées reçues la diversité des rapports des textes à leurs sources.
Dans une intervention conjointe nous présenterons quelques résultats et enseignements méthodologiques et historiques relatifs aux sources des éditions d'Euclide, en nous attachant en particulier à apporter des éléments de réflexion sur les différences rencontrées dans le rapport aux sources entre les traditions manuscrites et imprimées (grecques, latines, françaises, etc.).