Orateur
Description
Critique acerbe de l’intuitionnisme kantienne en philosophie des mathématiques, Bolzano n’en épouse pas moins certains des termes fondamentaux de la philosophie transcendantale. Kant désignait les mathématiques comme une science composée principalement de jugements synthétiques a priori, entendant montrer de la sorte la nécessité de présupposer l’existence de ce qu’il qualifie comme « intuition pure » et ancrer ainsi le sujet transcendantal comme fondement du discours scientifique. Bolzano accepte la prémisse de son prédécesseur – les jugements mathématiques sont bien, pour une part significative, des jugements synthétiques a priori au sens kantien –, il en réfute toutefois les conclusions ; ce geste singularise fortement la position bolzanienne vis-à-vis de ceux qui seront vus, à juste titre, comme ses successeurs et qui, eux, n’accepteront plus la manière kantienne de poser les problèmes. S’ensuit alors, dans l’œuvre bolzanienne, une formidable entreprise de réduction de la subjectivité, inscrite dans un idéal nouveau d’objectivité logique, que certains qualifieront d’objectivisme sémantique. Au-delà de l’image, entretenue par Bolzano lui-même, d’un « nouvel anti-Kant », jusqu’où cette entreprise de réduction est-elle réalisée ? Jusqu’où est-elle réalisable ? Dessinant ainsi l’image d’un Bolzano « postkantien » plutôt que « antikantien », voici les questionnements qui guideront notre recherche.